Après un rapide tour de la cabane et un bon repas,
on attaque tout de suite par la chasse. En effet, les cages sont pausées
depuis une semaine, les appâts ont déjà été changés une fois mais il faut les
rechanger régulièrement pour attirer les chats. Nous partons donc à la chasse
au lapin. Fabien tire et moi je cours derrière pour chopper le lapin avant
qu’il ne rentre dans son trou pour y mourir. Les premiers essais sont ratés
mais on arrive vite à notre quota. J’apprends ensuite à vider et préparer les
lapins et bien sur, on s’en garde 3 pour faire des rillettes maison.
Popchat par-ci popchat par là
mais qu’est ce que ça veut dire et qu’est ce donc qu’une
manip popchat, vous demandez vous ? Que vais-je faire de mes
journées ? Le suspense est intense.
Le popchat est un volontaire comme moi, il est en charge du
programme d’observation et de suivi de la population des chats sur Kerguelen.
Le suivi est fait à partir d’individus capturés sur lesquels on prélève du sang
et des poils. Et il effectue également des line transect, parcours fixe au fil
des ans, sur lesquels il compte le nombre de chats observés. On se répartit le
travail, le popchat fait son line, ses manipeurs posent les cages. Et ensuite
chaque jour, nous allons contrôler les cages pour voir si un chat est pris au
piège. La séance commence donc par une partie de chasse au lapin afin de
récolter les appâts nécessaires; on les vide et coupe en 2, puis on les plante
sur une plaque métallique au centre de la cage. On camoufle la cage, on l’arme
et le tour est joué.
Au fil des ans, une petite compétition s’installe entre les
popchats pour faire toujours mieux que le prédécesseur : poser les cages
plus loin afin d’avoir de nouveaux chats, attraper plus de chats (donc mieux
les camoufler, mieux choisir les emplacements…) C’est pourquoi on se retrouve à
faire des parcours de 5 à 10 km pour contrôler 9 cages. Ce sera donc mon
activité principale, qu’il pleuve ou qu’il vente, je serai obligé de faire une
petite rando dans un décor féérique. Que demander de plus ? Chopper du
chat !
Ces 2 jours qui suivent sont magiques.
Grand beau temps, peu
de vent. On se lève tranquillement, déjeune, lit … Sur les coups de 10h, on part
pour le tour des cages. On en a au total 16 de posées. Je déplace 3 cages qui
ne me paraissent pas prometteuses pour aller explorer une vallée un peu plus
lointaine. Maintenant j’en aurai pour 2h environs de marche pour faire mon tour.
Je change également les lapins. Les paysages sont magnifiques, les vallées bien
vertes, de nombreuses rivières dévalent les pentes et me permettent de boire
lorsque je le souhaite, et quand on s’élève, on arrive dans un monde minéral.
Lors du passage d’un col, je vois des nuages blancs à l’horizon étrangement
reliés au sol. En avançant, je m’aperçois que ce ne sont pas des nuages mais la
calotte glacière Cook. Quelle chance de pouvoir l’admirer. Je tourne alors la
tête et vois le Mt Ross, majestueux, écrasant toutes les autres montagnes par
sa taille (il culmine à 1800m alors que les autres sommets restent à 1000m). Je
décide alors de faire un détour par le sommet voisin : le Mt de la Vigie
qui domine la presqu’ile Bouquet de la Grye du haut de ses 335m. De là-haut,
j’ai une vue imprenable sur le Ross et la calotte glacière, j’aperçois même le
Mt Wyville (voir ma manip à Phonolite) et le Mt Rouge (à coté de PJDA) et vers
le nord, mes yeux se posent sur ce chapelet d’iles vierges que peu de monde a
pu parcourir. Un albatros fuligineux me passe au dessus de la tête en faisant
le bruit d’un planeur ou d’un parapente. La météo est idéale, le moment
inoubliable.
Une fois de retour à la cabane, je me douche dans la rivière
voisine puis passe l’après midi tranquille au soleil à lire et à vous écrire.
Les jours passent et se ressemblent,
la tempête de ciel bleu fait rage, mais toujours pas de
chats dans les cages. Pas d’inquiétude de ce côté, l’année précédente, un seul
chat a été capturé à cette époque. En effet, la nourriture ne manque pas alors
pas la peine de prendre de risque dans un terrier qui sent le métal pour un demi-lapin
qui n’a pas l’air appétissant. Je repasse régulièrement par le sommet pour
admirer la vue. Je ne m’en lasse pas et puis il faut bien en profiter.
Aujourd’hui, il pleut, il vente, bref c’est l’été.
Je pars faire mon tour de cage sous la pluie. Je trouve les
2 premières cages fermées sans rien dedans. Le vent a soufflé fort pendant la
nuit et a déclenché le mécanisme de fermeture. La troisième cage est elle aussi
fermée mais cette fois j’ai la surprise d’avoir un magnifique matou dedans. Je
l’attrape dans un grand sac et le mets dans la cage que j’ai sur mon dos. Je
finis mon tour pour vérifier si la chance n’a pas touché 2 fois. Ce ne sera
malheureusement pas le cas.
Arrivé à la cabane, popchat a déjà préparé tout son matériel
et on peut s’occuper du chat de suite. On commence par l’endormir puis on
cherche à l’identifier. On détecte un transpondeur qui nous permet de savoir
qu’elle s’appelle Pearl et qu’elle a été capturée une fois en octobre 2013 et
qu’elle est maintenant âgée de 15 mois. On continue par la prise de sang,
mesures en tout genre (pattes, tête, pesée…) puis prélèvements de poils. On la
laisse enfin se réveiller tranquillement (environs 6h d’attente) et le soir
avant la nuit, nous retournons à la cage pour la relâcher.
C’est chose faite, le retour sous le soleil couchant est
magique. La journée s’annonçait mal mais m’a finalement comblé de joie. Demain
nous rangeons les cages et partons, c’est la fin.
Levé 6h pour aller faire le tour des cages,
et les ramener aux
grottes les plus proches pour les stocker jusqu’à la prochaine manip en
octobre. Me voilà à refaire le même parcours que d’habitude mais avec de 8 à 30
kg sur le dos (8kg en moyenne par cage, jusqu’à 3 cages sur le dos). A 9h je
suis de retour à la cabane, on range, on nettoie, on fait les sacs et à 10h30
nous partons pour Gazelle. Le ciel pleure notre départ et le vent essaie de
nous retenir mais nous avançons tête baissée tant bien que mal. Après quelques
heures, notre popchat à l’affut nous annonce avoir vu des crottes de rennes
fraiches. Et effectivement, quelques secondes après, nous les apercevons de l’autre
côté du lac. Un troupeau d’une quarantaine de rennes broute tranquillement
jusqu’à ce qu’il nous repère et prenne le large.
Nous arrivons alors à Gazelle vers 16h, les pieds trempés
pour changer et le reste pas bien beau non plus.
Lundi matin, nous n’avons plus que 3h de marche et prenons
notre temps pour nous lever. D’autant plus qu’il pleut. Nous partons finalement
sous le soleil (on a bien fait de rester dans le duvet jusqu’à 9h) et marchons
d’un bon pas. J’emmagasine toutes ces belles images et fais le point sur mes
supers souvenirs de cette manip. Ca fait maintenant 15 jours que je suis parti de base mais j’ai l’impression que ce n’est qu’hier. Je suis bien en manip, en
plein air, quelle que soit la météo, j’apprécie et je profite.
N'ébruite pas trop tout ce que tu apprends à faire, certains pourraient en profiter...
RépondreSupprimerPour ma part j'ai bien noté que lorsque tu reviendras à Duingt, on pourra te coller en cuisine ;)