vendredi 21 février 2014

Manip popchat


Après un rapide tour de la cabane et un bon repas,

 on attaque tout de suite par la chasse. En effet, les cages sont pausées depuis une semaine, les appâts ont déjà été changés une fois mais il faut les rechanger régulièrement pour attirer les chats. Nous partons donc à la chasse au lapin. Fabien tire et moi je cours derrière pour chopper le lapin avant qu’il ne rentre dans son trou pour y mourir. Les premiers essais sont ratés mais on arrive vite à notre quota. J’apprends ensuite à vider et préparer les lapins et bien sur, on s’en garde 3 pour faire des rillettes maison.






Popchat par-ci popchat par là

mais qu’est ce que ça veut dire et qu’est ce donc qu’une manip popchat, vous demandez vous ? Que vais-je faire de mes journées ? Le suspense est intense.
Le popchat est un volontaire comme moi, il est en charge du programme d’observation et de suivi de la population des chats sur Kerguelen. Le suivi est fait à partir d’individus capturés sur lesquels on prélève du sang et des poils. Et il effectue également des line transect, parcours fixe au fil des ans, sur lesquels il compte le nombre de chats observés. On se répartit le travail, le popchat fait son line, ses manipeurs posent les cages. Et ensuite chaque jour, nous allons contrôler les cages pour voir si un chat est pris au piège. La séance commence donc par une partie de chasse au lapin afin de récolter les appâts nécessaires; on les vide et coupe en 2, puis on les plante sur une plaque métallique au centre de la cage. On camoufle la cage, on l’arme et le tour est joué.
Au fil des ans, une petite compétition s’installe entre les popchats pour faire toujours mieux que le prédécesseur : poser les cages plus loin afin d’avoir de nouveaux chats, attraper plus de chats (donc mieux les camoufler, mieux choisir les emplacements…) C’est pourquoi on se retrouve à faire des parcours de 5 à 10 km pour contrôler 9 cages. Ce sera donc mon activité principale, qu’il pleuve ou qu’il vente, je serai obligé de faire une petite rando dans un décor féérique. Que demander de plus ? Chopper du chat !






Ces 2 jours qui suivent sont magiques.

 Grand beau temps, peu de vent. On se lève tranquillement, déjeune, lit … Sur les coups de 10h, on part pour le tour des cages. On en a au total 16 de posées. Je déplace 3 cages qui ne me paraissent pas prometteuses pour aller explorer une vallée un peu plus lointaine. Maintenant j’en aurai pour 2h environs de marche pour faire mon tour. Je change également les lapins. Les paysages sont magnifiques, les vallées bien vertes, de nombreuses rivières dévalent les pentes et me permettent de boire lorsque je le souhaite, et quand on s’élève, on arrive dans un monde minéral. Lors du passage d’un col, je vois des nuages blancs à l’horizon étrangement reliés au sol. En avançant, je m’aperçois que ce ne sont pas des nuages mais la calotte glacière Cook. Quelle chance de pouvoir l’admirer. Je tourne alors la tête et vois le Mt Ross, majestueux, écrasant toutes les autres montagnes par sa taille (il culmine à 1800m alors que les autres sommets restent à 1000m). Je décide alors de faire un détour par le sommet voisin : le Mt de la Vigie qui domine la presqu’ile Bouquet de la Grye du haut de ses 335m. De là-haut, j’ai une vue imprenable sur le Ross et la calotte glacière, j’aperçois même le Mt Wyville (voir ma manip à Phonolite) et le Mt Rouge (à coté de PJDA) et vers le nord, mes yeux se posent sur ce chapelet d’iles vierges que peu de monde a pu parcourir. Un albatros fuligineux me passe au dessus de la tête en faisant le bruit d’un planeur ou d’un parapente. La météo est idéale, le moment inoubliable.






Une fois de retour à la cabane, je me douche dans la rivière voisine puis passe l’après midi tranquille au soleil à lire et à vous écrire.







Les jours passent et se ressemblent,

la tempête de ciel bleu fait rage, mais toujours pas de chats dans les cages. Pas d’inquiétude de ce côté, l’année précédente, un seul chat a été capturé à cette époque. En effet, la nourriture ne manque pas alors pas la peine de prendre de risque dans un terrier qui sent le métal pour un demi-lapin qui n’a pas l’air appétissant. Je repasse régulièrement par le sommet pour admirer la vue. Je ne m’en lasse pas et puis il faut bien en profiter.





Aujourd’hui, il pleut, il vente, bref c’est l’été.

Je pars faire mon tour de cage sous la pluie. Je trouve les 2 premières cages fermées sans rien dedans. Le vent a soufflé fort pendant la nuit et a déclenché le mécanisme de fermeture. La troisième cage est elle aussi fermée mais cette fois j’ai la surprise d’avoir un magnifique matou dedans. Je l’attrape dans un grand sac et le mets dans la cage que j’ai sur mon dos. Je finis mon tour pour vérifier si la chance n’a pas touché 2 fois. Ce ne sera malheureusement pas le cas.
Arrivé à la cabane, popchat a déjà préparé tout son matériel et on peut s’occuper du chat de suite. On commence par l’endormir puis on cherche à l’identifier. On détecte un transpondeur qui nous permet de savoir qu’elle s’appelle Pearl et qu’elle a été capturée une fois en octobre 2013 et qu’elle est maintenant âgée de 15 mois. On continue par la prise de sang, mesures en tout genre (pattes, tête, pesée…) puis prélèvements de poils. On la laisse enfin se réveiller tranquillement (environs 6h d’attente) et le soir avant la nuit, nous retournons à la cage pour la relâcher.
C’est chose faite, le retour sous le soleil couchant est magique. La journée s’annonçait mal mais m’a finalement comblé de joie. Demain nous rangeons les cages et partons, c’est la fin.

Levé 6h pour aller faire le tour des cages,

 et les ramener aux grottes les plus proches pour les stocker jusqu’à la prochaine manip en octobre. Me voilà à refaire le même parcours que d’habitude mais avec de 8 à 30 kg sur le dos (8kg en moyenne par cage, jusqu’à 3 cages sur le dos). A 9h je suis de retour à la cabane, on range, on nettoie, on fait les sacs et à 10h30 nous partons pour Gazelle. Le ciel pleure notre départ et le vent essaie de nous retenir mais nous avançons tête baissée tant bien que mal. Après quelques heures, notre popchat à l’affut nous annonce avoir vu des crottes de rennes fraiches. Et effectivement, quelques secondes après, nous les apercevons de l’autre côté du lac. Un troupeau d’une quarantaine de rennes broute tranquillement jusqu’à ce qu’il nous repère et prenne le large.
Nous arrivons alors à Gazelle vers 16h, les pieds trempés pour changer et le reste pas bien beau non plus.
Lundi matin, nous n’avons plus que 3h de marche et prenons notre temps pour nous lever. D’autant plus qu’il pleut. Nous partons finalement sous le soleil (on a bien fait de rester dans le duvet jusqu’à 9h) et marchons d’un bon pas. J’emmagasine toutes ces belles images et fais le point sur mes supers souvenirs de cette manip. Ca fait maintenant 15 jours que je suis parti de base mais j’ai l’impression que ce n’est qu’hier. Je suis bien en manip, en plein air, quelle que soit la météo, j’apprécie et je profite.

Me revoilà donc sur base où je reprends la main sur le planning et me remets à jour sur mon travail en attendant une prochaine manip dans une ou 2 semaines…

1 commentaire:

  1. N'ébruite pas trop tout ce que tu apprends à faire, certains pourraient en profiter...
    Pour ma part j'ai bien noté que lorsque tu reviendras à Duingt, on pourra te coller en cuisine ;)

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