Non ce n’est pas la fête des Paul. St Paul, dans le
subantarctique, c’est une des 2 iles du district de St Paul et Amsterdam. On
parle plus souvent d’Amsterdam, l’ile qui est habitée toute l’année avec la base
Martin de Vivies. St Paul, quant à elle, est une ile en protection intégrale.
C'est-à-dire que pour pouvoir mettre pied à terre, il faut un arrêté
préfectoral appuyé par une raison valable. Fin novembre dernier, le marégraphe
installé à St Paul a cessé d’émettre; je suis donc descendu sur St Paul, accompagné de 2 autres spécialistes en la matière, pour chercher la raison de ce
silence argos. Une chance unique de découvrir un joyau de l’océan indien, bien
préservé et à la fois témoin d’une histoire un peu mouvementée (voir « les
oubliés de St Paul »).
A seulement 2 jours et 3 nuits de mer (trèèèès calme) depuis
Ker, nous arrivons à St Paul au petit matin. Nombreux sont ceux qui se sont
levés à 4h pour voir l’arrivée sur ce bout de caillou perdu au milieu de
l’océan. L’Austral, unique navire de pêche à la langouste autorisé à venir dans
ces eaux, nous attend, les chaloupes de pêche déjà à l’œuvre. La couverture
nuageuse est basse et les nuages s’accrochent sur les hauts de St Paul. L’ile
est en fait un ancien cratère de volcan. Les parois du cratère sont encore
hautes (environ 200m de tombant) sauf une petite ouverture permettant à la mer
de s’engouffrer dans l’anse ainsi formée. Les bateaux peuvent donc accoster en
étant un peu protégés de la houle. Le Marion se met donc au mouillage devant
l’ile et nous descendons dans une petite vedette direction St Paul.
Arrivés sur place, nous découvrons la cabane, et les ruines,
vestiges d’un autre temps. Les otaries pullulent, c’est un orchestre auditif et
visuel, elles jouent, plongent, sautent et contrairement à leur cousines de
Ker, elles ne sont pas très agressives. On se dirige vers la cabane 5 étoiles
qui permet aux Amsterdamois de venir travailler quelques jours ici lorsque
c’est nécessaire. Ce qui nous intéresse se trouve au fond de cette cabane, on
s’y met de suite. La panne est vite repérée (les batteries sont mortes) mais
nous n’arrivons pas à savoir pourquoi. N’ayant pas eu le temps d’envoyer des
batteries de rechange, nous nous voyons obligés de rentrer sans relancer
l’installation. Après 1h30 de travail, la navette vient nous rembarquer, nous
avons alors tout juste quelques minutes pour faire le tour de la cabane et
apprécier ce site. Les nuages s’entrouvrent rapidement pour nous laisser
admirer le cratère en entier. Sur le retour, les otaries profitent des maigres
vagues formées par la navette pour marsouiner et jouer. J’ai la banane, le
sentiment d’avoir été un témoin privilégié d’un petit coin de paradis.
Une fois à bord, le Marion prend la direction d’Amsterdam où
un autre défi nous attend.