lundi 30 décembre 2013

Noël chez les manchots


Je ne pouvais décemment pas faire un blog s’intitulant « gillou chez les manchots » sans passer noël avec les manchots.

C’est pourquoi j’ai profité du besoin de ravitaillement de Ratmanoff pour caler la manip sur noël.

Je pars donc mardi 24 avec mon bout de bois et Christiane, une artiste qui profite du tracteur. Nous l’installons dans la remorque sur des matelas et avec un bon duvet. Et c’est parti.

Nous avons du travail sur le chemin : 2 tonneaux à poser et remplir de cailloux afin de sécuriser les passages de rivières et baliser le chemin. En effet, à marée basse, tu  vois les gros cailloux mais à marée haute, c’est parfois délicat de traverser et si tu restes coincé sur un caillou, c’est embêtant.

Arrivés à Morne, on fait une rapide pause pour réparer la radio, on s’aperçoit vite qu’il nous manque une pince qui se trouve à Ratmanoff, du coup on fera au retour. On mettra 5h pour faire tout le trajet, les bonbons sont beaucoup moins nombreux que la première fois et nous laissent passer sans problème.

Arrivé à Ratmanoff, nous retrouvons les 3 Ethotaaf : Christophe, Julie et Gildas et les 3 Subanteco : Camille, Yannick et Jean Louis. Nous serons 9 pour noël. Très vite nous commençons à nettoyer la cuve à eau, puis après un rapide aller retour en tracteur pour remplir des cuves intermédiaires d’eau, nous remplissons la cuve principale de ses 1000L d’eau (on utilise une pompe jappy (à main donc) et des touques remplies aux ¾  (40kg à soulever et verser…)). Le robinet de la cuve fuit, ce qui explique le fait que la cuve était vide à notre arrivée. On sera bon pour un deuxième aller retour pour remplir une des petites cuves secondaires qu’on laissera sur place (400L à remplir à la touque, et les touques à porter sur quelques dizaines de mètres). Pour cet aprèm, on en reste là, on commence la peinture extérieure de la chambre. 17h30 arrive vite, une fois la vac terminée, nous préparons nos sacs, nous rejoignons les subanteco dans la cabane manchot à 30 min de marche, cabane qui peut accueillir plus de monde que celle de guetteur près de la manchotière. On est bien chargé, entre nos affaires et la bouffe, ça en fait du matos.

Arrivés là bas, le repas est déjà près. 3 sortes de Séviché de truite : aneth, citron et cumin. On sort le foie gras et les bouteilles de vin, les bougies, les cadeaux, le gâteau préparé par le pâtissier… Joyeux noël ! à 21h une petite vac est organisée pour savoir comment ça se passe sur la base et dans les autres cabanes, l’ambiance est à la fête partout. La famille nous manque mais on a là une famille temporaire où on est bien.

Le lendemain, nous prenons le temps de nous lever, c’est noël tout de même. Nettoyage puis retour à la cabane du Guetteur près de la manchotière. Les Subanteco partent le matin pour PAF. Les Ethotaaf commencent leur manip de transpondage de manchots royaux adultes. J’aurai même la chance de tenir un manchot dans mes mains pendant que Christophe le marque : un rêve de plus de réalisé. Mais le boulot n’est pas terminé, nous devons ravitailler la cabane manchot en gaz et essence pour un programme scientifique qui y passera près d’un mois (guetteur ne pouvant pas accueillir durablement 6 personnes). Nous voilà donc partis avec 40L d’essence et une bouteille de gaz sur les claies de portage. Nous dépassons les 35kg voire même les 40 pour moi et mon essence. Heureusement que le transit est court, en 20 min c’est plié, on pêche une petite demi heure, le temps d’attraper une belle truite qu’on laissera aux Ethotaaf et on rentre en ramenant les déchets.

Le soir arrive, après une petite balade pour voir l’étendue de la colonie (près d’un kilomètre de long et encore il n’y a qu’un manchot du couple qui reste couver pendant que l’autre part pécher). Puis petit repas à guetteur cette fois ci : magret de canard et pâtes. On ne se refuse rien.

Jeudi matin, il faut rentrer, lever 6h pour faire le ravitaillement de la petite cuve de secours et nous voilà repartis. Je prends la place de Christiane dans la remorque et en profite pour finir ma nuit. Arrivés à Morne, nous mangeons et tentons en vain de réparer l’antenne radio mais rien n’y fait, nous n’avons pas le bon raccord, il faudra revenir. Et j’y compte bien !











Studer ou la montagne cachée


Aujourd’hui je suis manipeur pour le programme Subanteco qui étudie les plantes et petites bêtes de Kerguelen. Les deux Vats qui ont en charge ce programme doivent également récupérer régulièrement les données de 3 stations météo sur Ker dont une qui se trouve sur les pentes menant au mont Croziet, plus haut sommet de la péninsule Courbet. Du haut de ses 979m, il surplombe la vallée de Studer où se trouve une cabane. Le mois dernier, Camille (la subantecote) était allée relever les données de la station météo et avait fait face à un problème malheureusement commun de nos jours : la station automatisée ne voulait plus communiquer avec l’ordinateur.

Je pars donc en tant qu’accompagnateur d’Antoine, notre vat instrum (électronicien de formation) et dont le rôle est entre autre de fournir un support aux différents programmes scientifiques. Il a donc pour mission de faire fonctionner la station météo. Pour compléter la bande, Bout de bois nous accompagne. La manip durera 2 jours, une nuit sur place.

On part donc le samedi matin, direction la cabane Studer. Après un long plat d’environ 1h30 de marche, nous arrivons à la cabane Jacky qui marque l’entrée de la vallée de Studer. Après une rapide pause, nous nous engageons dans la vallée… humide. En effet, la rivière du sud qui prend sa source dans le lac aux truites de Studer descend la vallée et la rend très humide. Nous nous battons donc ave les souilles … non ça passe mieux par là … ah bah non en fait, j’en ai jusqu’aux genoux. A ce jeu là mes chaussures sont rapidement trempées (en même temps,  un trou de 5 cm n’aide pas à l’étanchéité…). En revanche, depuis le départ, le temps est correct, très peu de vent et un peu de soleil ce qui fait qu’on est en T-shirt, et on a même mis la crème solaire !

Après 2h, nous arrivons à la cabane près du lac. L’endroit est magnifique, calme, enfin des montagnes, fini le plat. Nous mangeons rapidement puis nous nous préparons à monter voir la station. La météo annoncée pour le lendemain n’est pas très bonne donc autant faire le travail tout de suite. La station est à environ 1h de marche d’après ce qu’on nous a dit. Nous avons le point GPS et une carte. Nous attaquons la montée Dré dans l’pentu en pensant exploser le record de l’heure. Finalement ça s’annonce plus long que prévu, il y a 500 à 600m de dénivelé positif et 4 km à parcourir. Nous y arrivons en 1h30. Depuis le départ le sommet du Croziet est dans la brume, ce n’est pas cette fois ci qu’on pourra le faire. En plus la pluie nous accueille à l’arrivée sur la station, le brouillard descend doucement le long des pentes. Antoine sort les ordis, ouvre la station et commence la manip. Après avoir tout essayé, rien ne marche. Tant pis, on reviendra pour démonter et farfouiller à l’intérieur, là on risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. La descente est sportive, et avec le brouillard qui nous poursuit, nous nous dépêchons de rentrer à la cabane.

Une fois arrivés, tout trempés, nous nous installons, et commençons le repas. Bout de bois a amené un bloc de foie gras et une bonne bouteille de vin blanc. On ne se refuse rien ! A la vac du soir, nous arrivons à joindre Camille qui est en transit à la cabane de Morne. Elle est d’accord pour qu’on démonte la station et qu’on la ramène à PAF pour la réparer dans de meilleures conditions.

Dimanche donc, rebelote, nous montons le matin, arrivés en haut, le brouillard nous accueille comme la veille mais la pluie nous laisse tranquille. Une fois la station démontée et mise dans le sac, nous commençons à redescendre, impossible de faire le sommet aujourd’hui, le brouillard l’entoure, il me faudra revenir ! Vu qu’on a le temps, nous faisons un petit détour pour longer le haut des barres rocheuses et avoir une vue plongeante sur la vallée et ses lacs. La vue est extra, 3 albatros fuligineux planent autour d’une magnifique cascade. Le pied ! De retour à la cabane, il est 11h30, nous décidons de manger avant de rentrer à PAF. Au menu, confit de canard et gratin dauphinois. On ne se refuse rien, on a dit.

Le retour se passe bien jusqu’à la cabane Jacky où on a oublié de traverser la rivière. Nous nous retrouvons avec de l’eau un peu en dessous de la hanche. De toute façon, moi j’ai les pieds trempés depuis la veille, et mon pantalon étanche m’évite le pire. Les 2 autres sont complètement étanches (bottes+ pantalon étanche pour l’un, chaussures de rando + guêtre + pantalon gore tex pour l’autre).

Nous arrivons enfin à PAF vers 16h. Cette manip était géniale, super marche, super paysage, super potes, je n’ai qu’une hâte : repartir. Pas de soucis là-dessus, je reste un jour sur base et je repars mardi en tracteur pour ravitailler Ratmanoff en vivres et matériel scientifique et y passer noël.

 

Joyeux noël à tous !

 























jeudi 19 décembre 2013

La balade du dimanche.

Ce samedi soir, autour du billard, une idée apparait : et si demain on se faisait une petite rando ? Bout de bois et moi rêvons de voir les petits gorfous sauteurs de la colonie de molloy. Cette colonie se situe à 13 km soit 3-4h de marche. On va voir le chef et lui demande notre journée : aucun soucis faites vous plaisir les gars ! On en parle un peu à droite à gauche, des personnes sont également intéressées pour y aller. Rendez vous est pris, départ demain vers 9h à Tiker.

Encore une fois le vent ne joue pas en notre faveur, on a 30-35 nœuds de face. Mais la température est clémente et le soleil nous éclaire. Nous longeons la cote, les couleurs, les paysages sont magnifiques, et au bout tout là bas, nous voyons notre objectif. 

Quelques rivières viennent nous barrer le passage. On peut alors observer plusieurs techniques :
Anais est botte et passe sans se poser de questions.
Gaia est en chaussures de rando sans guêtres et se déchausse pour passer à pied. Glagla les petons !
Tous les autres sommes en chaussures de rando avec guêtres. Sauf que mes chaussures ne sont pas totalement étanches du coup je passe rapidement en faisant attention.

Ça se passe bien pour les premières petites rivières. Viens le moment de traverser la rivière du sud.  Celle là est plus profonde et surtout beaucoup plus large. J’essaie alors la technique dite de moise : courir pour que les chaussures n’aient pas le temps de se mouiller. Manque de pot, il y a beaucoup d’eau et je m’étale comme une crêpe juste avant d’arriver sur l’autre rive. J’en suis quitte pour avoir les chaussures, les gants et le pantalon trempé. Pas grave, avec ce vent ça sèche vite. Et puis ça fait bien marrer mes collègues.
En route nous croisons un petit groupe de manchot papou et oh surprise il y a plein de poussins. Trop mignon les petits manchots avec leur duvet juvénile blanc et gris, on aurait envie de leur faire un câlin. Nous faisons alors une pause photo. 

Au final nous arrivons après 4h à la cabane de molloy pour y manger. Nous prenons notre temps et repartons vers 14h30 pour la colonie qui se trouve un petit peu plus loin sur la cote. Nous les trouvons dans un éboulis, et là c’est magique. Ils sont magnifiques avec leurs sourcils jaunes, hyper agiles pour sauter d’un rocher à un autre malgré leur petite taille. Ils nichent dans les rochers, et la plupart sont actuellement sur des œufs. Nous restons donc à distance respectable et ne les dérangeons pas. On assiste même à une tentative d’attaque d’un skua mais les gorfous répliquent en criant et donnant de violent coup de bec. Un régal !
Viens alors l’heure de rentrer, le retour se passe bien avec le vent dans le dos. Les couleurs changent encore je garderai ces paysages gravés dans ma mémoire.













Une journée type à PAF

Vous vous demandez surement : mais qu’est ce que tu fais la journée ? quel est ton planning ? quel est ton boulot ?


Alors voila je vais vous décrire une journée type. 

Ca commence vers 6h pour moi (le soleil est levé à 3H30 ici) du coup j’ai du mal à dormir plus longtemps. Direction le petit dej qui est servi entre 6h et 8H30 à tiker (notre salle de restaurant). Ensuite direction le L2 (mon bureau, fief de l’IPEV sur la base) lecture et traitement de mail, modification de planning suivant ce que j’ai eu comme demande, mise à jour des inventaires cabane qui me sont revenu à la fin d’une manip… entre temps du monde passe et me pose plein de questions pour préparer leur manip (ou sont les point GPS ? comment faire une commande de nourriture fraiche/pas fraiche ? comment faire une fiche de manip ? …) ou une question sur le planning. 

Parlons en de ce planning, je suis l’intermédiaire privilégié pour toutes les sorties hors bases. JE dois pouvoir intégrer les plannings chaland avec les contraintes telle que : pas de sorties de plus de 10h, avoir au moins 2 jours de repos dans la semaine… En campagne d’été nous sommes nombreux : 56 scientifiques ou logisticiens à coordonner, plus tous les militaires qui participent aux manips. Au total ca fait plus d’une centaine de personnes. L’été, les scientifiques sont relativement autonomes, mais l’hiver les scientifique ce sont les VSC comme moi (je suis le seul vsc non scientifique) et là ils ont besoin de manipeur pour faire leur manip et mon boulot sur le planning est alors très différent car je dois proposer des solutions pour que les manips s’enchainent bien.

La matinée passe, généralement vers 10-11h, j’ai fini ce travail. Je descends alors au B17 (entrepot log de PAF). J’y retrouve les deux Pierre et Romu qui vont du déménagement/rangement sur base. En effet, bon nombre de bâtiments de la base sont obsolètes, amiantés voir en ruine et pourtant encore utilisés. Cette année nous essayons de vider le B4 où il y a un magasin d’outillage impressionnant. Des milliers de bécher, d’éprouvette, de fiole en tout genre, des transistors, des clous, des vis (même celles qui ont un filetage spécial ou qui sont introuvable en métropole) … bref c’est la caverne d’ali baba. Et il faut la déménager. La matinée se termine donc la dessus. Un peu avant midi on arrete tout et direction tiker pour le repas. Le repas se termine, on débarrasse notre table, on fait la vaisselle : moment convivial ou tout le monde se retrouve à discuter un torchon dans les mains. Ensuite je monte à totoche (juste au-dessus de tiker) boire un thé ou plus souvent faire une partie de billard. Vers 13h30-14h retour au L2 et rebelote en un peu plus rapide : mail, planning… B17 puis j’arrète à 17h15 pour préparer ma vac. 

La vac (du terme vacation) c’est tous les jours à 17h30. Les personnes qui sont en manip ou seulement hors base doivent contacter tous les jours à 17h30 le BCR (responsable transmissions) qui leur donnera la météo et les horaires chaland. Mais qu’est ce que j’ai à voir la dedans me direz vous ? et bien moi j’interviens après du BCR. Tous les jours j’ai un ou 2 site qui ont des demandes particulières à passer : un mail à envoyer, une réponse à lire, un ravitaillement à prévoir, des nouvelles à donner … je suis également leur lien avec le reste de la base et donc du monde. Lorsqu’ils passent un mois en cabane, j’essaie de donner les quelques nouvelles de la métropole.

La vac finie vers 18h-18h15, soit j’ai un peu de travail et je le fais à ce moment là soit j’ai fini ma journée, je prends une douche, on fait un jeu de société, je lis un peu … en attendant 19h pour aller manger. Puis vaisselle puis billard. Ou un petit film dans les bâtiments d’habitation…

Voila ça c’est une journée type comme il y en a très rarement. En effet, je suis en logistique et mon travail c’est surtout de gérer les imprévus et donc la plupart du temps une partie de la journée est tronquée et je le passe à régler un problème urgent.



dimanche 8 décembre 2013

Vidéos

A tous les bloggers et followers assidus de Gillou chez les manchots, 2 vidéos ont été ajoutées.


Une directement sur le blog pour l'article intitulé le lendemain du départ,
et un lien pour visionner sur Youtube le départ du Marion pour l'article intitulé le jour du départ.
Donc n'hésitez pas à revenir en arrière pour visionner ces vidéos!

jeudi 5 décembre 2013

Un travail pas comme les autres.


 

Me voilà après une journée de travail, assis sur une pierre au bord de l’océan à l’embouchure d’une rivière, avec devant moi un site de toute beauté. Je suis entouré de petites bêtes plus mignonnes les unes que les autres : des manchots papou s’approchent à seulement quelques mètres de moi, je pourrais les toucher seulement en tendant le bras. De l’autre côté de la rivière se trouve une colonie de gorfous macaronis. Il y a également des glandeurs manchots royaux qui se réchauffent au soleil, des bonbons, des skuas, des albatros en tout genre, des goélands, des lapins, des chats …

Les vagues viennent s’éclater sur la côte déchiquetée, un magnifique soleil me chauffe le dos, un faible vent m’empêche d’enlever la polaire mais je suis en tongues et short. Yann et Thomas (mon chef et mon prédécesseur) pèchent le repas de ce soir sans grand succès pour le moment. Non je ne suis pas à PAF, je suis en manip log.

Hier nous avons été déposés en chaland sur le halage : bras de mer séparant la presqu’ile Ronach et la presqu’ile Jeanne D’Arc. Nous avons avec nous nos 3 sacs et 3 touques plus une bouteille de gaz ainsi que 3 claies de portage. Notre manip consiste à ravitailler la cabane de phonolite qui se trouve à 45 min de marche. Une fois les 2 allers retours faits, en partie sous la grêle, avec plus de 25 kgs à chaque fois, nous réalisons quelques travaux sur la cabane pour limiter l’intrusion de souris. Un bon repas (confit de canard, patates oignon ail rissolés) puis au dodo.

Aujourd’hui après le petit dèj nous partons de la cabane avec sac sur le dos. Un petit col, lunaire, à 500m d’altitude, et quelques kilomètres d’avalés et nous arrivons près de la rivière des macaronis et de son embouchure. C’est là où nous plantons la tente pour ce soir. Un endroit perdu à l’extrémité de la presqu’ile, elle-même à l’extrémité du golf du Morbihan. Nous assisterons à un magnifique coucher de soleil, toujours pas un nuage dans le ciel.

Demain nous rentrerons à PAF et je serai officiellement Géner et Thomas en vacances. Il y a pire comme passation…