L’OP est à peine finie, me revoilà parti en manip. Je pars
sur le tour courbet accompagner les Zornitho et en profiter pour faire un peu
de tri, ménage et inventaire dans les cabanes. Cascades, Cap Cotter, Cap Noir,
Ratmanoff puis Morne. En tout 120 km de marche pour faire le tour. On prévoit
12 jours de manip car nous avons du travail sur les gorfous macaronis à Cotter,
sur les poussins de manchots royaux à Ratmanoff, et sur les grands albatros à
Ratmanoff et Morne. Le programme s’annonce sympathique.
Jour 1
Jeudi 27 mars, premier transit, il fait beau mais froid.
Nous avons 6h de transit pour rejoindre la cabane de Cascades, transit beau
mais monotone. Nous croisons plusieurs souilles et rivières, le jour est beau,
c’est agréable de marcher dans ces conditions. Après 5h de marche, nous
grimpons au sommet de la citadelle qui surplombe la côte nord. Nous ne sommes
plus très loin de la cabane. En redescendant de ce sommet, nous trouvons un
poussin d’albatros fuligineux sur son nid. C’est une belle bête de la taille
d’une grosse dinde ou d’un cigne avec un beau duvet gris. Il est encore jeune
et ne s’envolera que dans un mois. Quelques minutes plus tard à quelques pas de
la cabane, nous entendons un cri aigu inhabituel et nous voyons des mouvements
dans l’acena. Après s’être rapproché, nous voyons un chat qui vient d’attraper
un lapin. Malheureusement, il nous aperçoit, lâche sa proie et s’enfuit dans un
terrier. Pas grave, on aura du lapin pour diner.
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poussin d'albatros Fuligineux |
Jour 2
Dès le petit matin à 9h, nous nous levons. La confiture de
melon de maman fait des merveilles, et nous partons pour une balade vers l’anse
Betsy. Nous croisons un bon nombre de pétrels géants et de nids de grand
albatros. Ils ont l’air tout penaud à couver leur poussin sur leur nid. Mais
quand ils passent à seulement quelques mètres au dessus de moi, ils font la
même impression qu’un A380 en rase motte. 3m50 d’envergure pour 11kg, ils sont conçus
pour planer dans des vents violents.
De retour à cataractes, nous faisons les sacs et partons
pour Cap Cotter. Nous longeons la côte des gorfous dorés (véridique) et
croisons une puis deux puis trois colonies immenses de gorfous macaronis. Je prends
une véritable claque visuelle en arrivant en vue de Cap Rouge. Je ramasse une
seconde claque auditive cette fois en me rapprochant. La colonie est à son pic
de fréquentation car c’est leur période de mue et tous les maca sont de retour
chez eux pour muer avant de repartir en mer pour tout l’hiver. Dans 2 semaines,
il n’y aura plus aucun maca sur cette côte : difficile à croire alors qu’aujourd’hui
j’ai du croiser près d’un million de maca et que je n’ai pas encore tout vu.
Jamais 2 sans 3, je prends une dernière claque, olfactive cette fois ci lorsque
je passe sous le vent de la colonie…
Tout le long du chemin, j’ai croisé des nids de grand
albatros couvant leurs poussins. C’est mignon tout plein et eux au moins ne puent
pas. Peu de temps avant d’arriver à Cotter, après une journée grisâtre, nous
voyons le soleil descendre à l’horizon. Nous assistons alors à une explosion de
couleurs extraordinaire. Le coucher de soleil sur la colonie de maca de Cotter
est magique, inoubliable. Nous resterons 3 jours et 2 nuits ici afin de
travailler sur les maca. Nous devons dé-équiper les maca porteurs de GLS
(global localisation system : système de localisation du maca qui retrace
son parcours et l’enregistre en interne). Il en reste 4 à retrouver mais nous
n’en verrons qu’un seul. Que sont devenus les autres ? Mort en mer,
marquage effacé et nous ne l’aurions pas vu, GLS perdu en mer ? La liste des
raisons possibles de perdre l’appareil est longue mais le taux de récupération
est excellent et les données ainsi récupérées sont des mines d’or. Nous devons
également enlever le tesa aux maca qui en portent. Le tesa est un petit bout de
scotch de couleur qu’on leur pose comme un brassard sur leurs ailerons pour les
reconnaitre. J’ai donc la chance de tenir un maca dans les mains. Ces petites
boules de plume sont extrêmement puissantes, leur bec est acéré et il vaut
mieux ne pas se le prendre à même la peau. Et ils puent… atrocement… tout vêtement
les touchant est voué à la poubelle !
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coucher de soleil à cotter 2 |
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coucher de soleil à cotter |
Jours 3 et 4
Cap Cotter, haut lieu gastronomique. La manip sur les maca
prenant moins de temps que prévu, nous avons le temps de cuisiner. Voici donc
les menus des repas pas forcément dans l’ordre :
Lapin à la moutarde, tourte au thon et marrons, tarte à
l’abricot et chocolat, humus maison, gâteau au chocolat, risotto marrons et
jambon, pizza, foie gras, gâteau poire chocolat, terrine de la métropole, gewurztraminer,
vin chaud, fromage de brebis et comté et toutes sortes de pains gigantesques…
Ces 2 jours se passent dans le brouillard et nous n’avons
pas d’occasion d’embrasser la côte dans son ensemble.
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cabanes de cotter |
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grand albatros sur poussin |
Jour 5
Départ pour Cap noir, le transit est magnifique, les paysages
se modifient, les falaises s’élèvent, et se couvrent de cottula, on troque les
maca contre des otaries, les grands alba sont dans les airs avec une quantité
incroyable de cracou qui ont l’air ridicule à coté des grands alba malgré leur
1m80-2m d’envergure. D’après le comptage des ornithos, le mois dernier, il y a
près de 8000 otaries sur cette côte. Nous assistons également à la parade de 2
grands alba. Les couples peuvent mettre plusieurs années à se former. La cour
est impressionnante, belle et puissante à la fois. Quelle joie de pouvoir assister
à tout ca. Le transit de Cataracte à Cap Noir est comme une balade dans un zoo,
un safari austral, où l’ont peut admirer quantité d’espèces dans leur
environnement naturel. L’arrivée à la cabane de Cap Noir au bord de la falaise,
en plein milieu d’une colonie d’otaries est belle elle aussi. La nuit nous
pouvons entendre les pups d’otaries (abréviation de puppies = les bébés) qui
gémissent près de la cabane. Les rêves m’emportent doucement.
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parade amoureuse de grand albatros |
Jour 6
Départ pour le transit Cap Noir Ratmanoff, 6h de marche de
prévue dans un brouillard dense et une traversée de rivière qui s’annonce
sportive puisque nous ne serons pas loin de la marée haute. Nous partons dans
la brume avec un fort vent… de dos donc tout va bien pour le moment. Le paysage
change petit à petit, nous passons d’un plateau d’acena plongeant en falaise
dans la mer à une cote découpée, des collines de cottula se succédant sur un
rythme tranquille. La brume se dissipe sans pour autant laisser le soleil percer.
Après une bonne heure de marche nous arrivons à Digby par les hauts. Nous
surplombons alors les colonies de manchots royaux qui sont sur les plages
encaissées. L’effet est impressionnant, on peut embrasser la totalité de la
colo en un coup d’œil. Et bien que les colos soient plus petites que celle de
rat, elles en paraissent plus grandes. On note également un nombre
impressionnant de cracou qui attendent leur déjeuner. Vers 13h, on se trouve un
coin à l’abri du vent pour casser la croute. Face à la mer et avec un combat
d’éléphant pour nous divertir. Nous y resterons près d’une heure malgré le
froid. Nous repartons direction le sud, le lac Marville et son fameux déversoir
qu’il faudra traverser. Le Lac Marville est un gros lac (environ la moitié du
lac d’Annecy) qui est séparé de la mer par une lagune large de quelques dizaines
de mètres. Il vaut donc mieux se trouver à marée basse pour franchir son
déversoir. Manque de pot, on y arrive tout juste une heure après la marée haute
et le courant est fort, la profondeur … douteuse. Nous voyons un gros éleph
jouer dans le courant et s’immerger complètement là où nous comptions
traverser. Autrement dit, on va mouiller le caleçon. On quitte alors chaussures
et pantalon, nous chaussons les crocs et cherchons un endroit où la profondeur
reste correcte (sous la ceinture quoi). Finalement, j’en trouve un à quelques
mètres de la plage, le courant est fort mais l’eau reste au niveau du caleçon.
En 30 secondes tout le monde est de l’autre coté, finalement ce n’était pas si terrible
que ca. Nous nous séchons et repartons. Le paysage change encore, les collines
et falaises laissent place à de belles plages de sable noir. Nous avançons
rapidement pour atteindre Rat et sa fameuse colonie de Manchots Royaux.
Jour 7
Il est 15h, nous avons fini de manger, de prendre le thé. Je
suis derrière la vitre de la cabane et je contemple la colonie qui s’étend sous
mes yeux. Elle aussi est à son pic de fréquentation mais pas pour les mêmes
raisons que les maca. Les poussins de l’année (2/3 mois) sont déjà grands et
forment des crèches autonomes. Quelques retardateurs sont encore en train de
couver mais la plupart des adultes font de cours séjours en mer pour nourrir
voir gaver leur poussin en vue de leur grand jeûne de l’hiver. Les 2 parents se
croisent donc sur la colonie et c’est donc une plage remplie plus que jamais
que j’ai sous les yeux.
Nous faisons ici une pause de 3 jours car nous devons
travailler sur les poussins de manchots royaux et sur les grands albatros. Ce
matin, nous avons équipé 33 poussins Royaux de brassards et étiquettes de façon
à pouvoir les repérer et les suivre tout au long de leur croissance jusqu’à
leur départ en mer en novembre. Les ornithos reviendront ici tous les mois pour
les recapturer et les peser.
Ce matin j’ai donc eu droit à 20 câlins (il faut partager un
peu) avec ces petites boules de plume toutes douillettes. Il nous en reste
encore 17 à faire demain matin. Cet après midi, on profite du beau temps pour
faire des photos, pécher et prendre une douche dans la rivière.
Le soir, une fois de retour à la cabane, nous préparons le
repas. C’est une activité très prisée et après une semaine, chacun trouve son rôle
facilement et c’est une entreprise bien huilée qui se met en route. Ce sera de
la truite fraiche en papillote avec oignons et pommes de terre, humus pour
l’apéro, et gâteau pomme chocolat en dessert. Un délice.
Jour 8
Ce matin, nous finissons le marquage des poussins Royaux.
Nous assistons à une chose inédite : un poussin de 3-4 mois couve un autre
plus petit qui n’a pas encore son duvet. En une heure, les 1è poussins sont
faits. L’après midi, nous passons à la manip grand albatros. Il s’agit de contrôler
les 25 nids répertoriés et de noter leur statut de reproduction : sont-ils
en train de couver un œuf, un poussin ou ont-ils raté leur reproduction et ont
quitté le nid ? La pluie se met de la partie, on décide de finir les 3-4 nids
qui restent demain. Du coup on passe le reste de l’aprèm à lire et jouer aux
cartes. Petite pensée à nos amis qui sont partis à OP1 et qui viennent
d’arriver à la Réunion.
Jour 9
Aujourd’hui, le seul impératif qu’on a est de finir le
contrôle des alba. On décide alors d’en profiter pour aller sur le mont Peeper,
situé à quelques 10km à l’ouest de rat. Nous allons donc pique niquer là bas.
Malheureusement la météo n’est pas avec nous et nous n’aurons pas une belle vue
dans les nuages là haut. Nous mangeons tout de même puis redescendons. Arrivés
à la cabane, nous nous faisons un bon chocolat chaud, bien mérité.
Jour 10
Départ pour Pointe Morne, dernière étape de notre périple.
Le temps est magnifique, je paris sur le t-shirt pour le transit. Je mets même
de la crème solaire. Malheureusement, le temps de faire des photos et de ranger
et nettoyer la cabane, le ciel se couvre et je me rhabille en vitesse. Le
transit est le même qu’en tracteur mais la vision du randonneur est tout autre
et c’est avec grand plaisir que je marche sur ces côtes. Le temps passe vite,
surtout lorsqu’on discute rando dans les Alpes et Pyrénées avec Flo. Nous voilà
arrivés à Morne où Matthieu et Yves nous rejoignent en fin d’aprèm. Ils
arrivent de PAF et viennent faire la manip grand alba avec nous. Ils ramènent
une grosse quantité de viande avec eux, c’est vrai qu’on s’est un peu privé
pendant cette manip. De plus, l’équipe popchat qui a quitté Morne le matin même
nous a laissé de l’humus et du pain. Du coup on se lâche : apéro puis
pizza, on commence à avoir le coup de main et l’organisation.
Jour 11
Les ornithos font le tour des nids pendant que je fais le
tour de la cabane en prévision de travaux à réaliser. Et l’après midi, tout le
monde les accompagnent pour faire les nids restants. La brume s’est transformée
en bruine et c’est bien humide que nous rentrons à la cabane. Ce soir est notre
dernier soir, demain nous rentrons sur paf.
Cette manip a été un pur bonheur. Cela m’a rappelé mes
vacances de l’été dernier : le GR20 en corse. Le paysage changeait chaque
jour, on mange bien, on marche bien, il y a une bonne ambiance et arrivé à la
fin on n’a qu’une envie : recommencer.
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manchot royaux à ratmanoff |
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manchotière de Gorfou macaronies le blanc sont les plumes de duvet |
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manchotière de royaux à cap Digby |
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mont Crozier |
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otarie |