mercredi 26 mars 2014

L'hiver est là,


Ou plutôt l’hivernage commence.


En effet, ce dimanche 23 mars a vu le Marion Dufresne s’en aller voguer vers de nouvelles aventures après avoir réalisé une OP1 de folie. Il laisse derrière lui une mission KER 64 composée de 45 personnes en autonomie pour un peu plus de 5 mois. La prochaine escale sera début septembre.
L’hiver est donc là.
D’ailleurs, il commence à faire froid. Ce matin, les montagnes étaient blanchies par la neige et le grésil. Le vent est froid, le jour est plus court, l’activité un peu ralentie.
Cette OP s’est bien passée. Après 1 gros mois de préparation minutieuse, la réalisation s’est faite sans accros. J’ai pu effectuer 2 missions hélico que j’avais préparé personnellement. La première à Pointe Suzanne pour rapatrier du matériel scientifique et des déchets. La deuxième sur le tour courbet pour les cabanes de Cataractes, Cap Cotter et Cap Noir pour les même raisons. Prendre l’hélico est toujours un grand bonheur même si cette fois, je n’étais plus suiveur mais responsable.
Cette OP marque également la fin de la campagne d’été et le retour des volontaires de 6 mois. Au revoir donc Bout de bois, merci pour tout, de notre formation à Brest à notre aventure sur Kerguelen tu as été génial. Au revoir grand Pierre, au revoir Julie, Nina, Pauline, Camille, Susan, Yves, France, Maurice. Au revoir également à l’équipe cuisine, merci pour ces bons moments. Au revoir également à l’équipe des Réunionnais. 35 personnes s’en vont avec lesquelles j’ai passé de bons moments. 11 arrivent pour former une mission de 45 hivernants. Une nouvelle aventure commence.








Qui dis OP dis courrier.

C’est donc avec une grande joie que les hivernants accueillent le premier hélico amenant le préfet mais aussi et surtout le courrier. Cette fois ci nous sommes particulièrement gâtés car 36 sacs postaux sont attendus. Cela promet de beaux cadeaux. Et je ne suis pas en reste, après décompte, me voici l’heureux récepteur de 6 énormes colis. Même si j’étais prévenu, la joie est immense. Dans la précipitation de l’OP, je ne peux qu’entrouvrir les colis et lire les mots les accompagnant.
Mais plus tard, dans la soirée ou après l’OP, je prends le temps de tout déballer, d’essayer, de m’étonner, de m’enthousiasmer, bref de penser à vous et je vous dis un grand MERCI. Me voici paré et habillé pour l’hiver, mes 2 précédentes chaussures de marche étant décédées, en voici 2 nouvelles paires. Etant loin de ma chérie, une petite peluche et un gros paquet de photos me rappellent à nos souvenirs. Ayant des difficultés pour manger à ma faim, (voir mes précédents articles), voilà de quoi faire des bons apéros. Ayant un dos fragile et beaucoup de moment de détente en manip, voici une liseuse électronique. Bref, c’est noël après l’heure même si j’avais été très gâté à noël aussi.
Mais outre le fait de recevoir des colis, je reçois beaucoup de mail me donnant de vos nouvelles et ça me fait plaisir. Ce sont vos mails qui me permettent de me rendre compte de ce que je vis, que ce n’est pas commun et que tout le monde ne peut pas le faire. Si je ne discutais qu’avec les personnes présentes sur Ker, ce serait une expérience tout à fait banale.
Donc voila, un grand merci à tous, je vous aime !









mardi 18 mars 2014

Verte, la der des ïles!

Mercredi 12 mars, 7h, j’embarque sur le chaland direction l’ile Verte. 1h40 de navigation plus tard, 3-4 dauphins aperçus et une bonne vague sur le coin de la figure plus tard, nous voilà arrivés. Je serai en compagnie de Julie et Camille, notre mission (nous l’avons acceptée), est de baguer les poussins de prions de la desolata. J’ai également 2 ou 3 choses à faire pour la logistique. En effet, l’OP1 arrive et le chaland part avec le Marion. Nous allons donc nous retrouver sans moyens nautiques et donc impossible pour nous d’aller dans les cabanes des iles avant septembre prochain. Je dois donc préparer la cabane de Verte à passer l’hiver sans visiteurs. Vider la cuve d’eau (pour pas que ça gèle), enlever tout ce qui pourrait attirer les souris, fermer le gaz et arrimer les bouteilles, couper le panneau solaire, faire l’inventaire des denrées qui restent, nettoyer le filtre à eau…
La manip est terminée en très peu de temps. Nous avons bagué 21 poussins et dès le lendemain nous sommes prêts pour être récupérés  mais la météo est mauvaise pour le chaland. 40 nœuds de vent, 55-60 en rafale, le chaland reste à quai. En revanche, le soleil est revenu. Nous passons donc notre vendredi allongés au chaud dans les duvets, sur la terrasse au soleil avec la presqu’il Ronarc’h sous les yeux. Le tout accompagné de foie gras, de crêpes, de bagels, de pain, d’houmous maison, de gâteaux, de cookies … Allons nous être récupérés demain ? On n’est pas pressés !












Le lendemain matin, ça souffle ! J’appelle le BCR (responsable télécommunications) le chaland est bien parti à l’heure. A 12h10, nous le voyons arriver, toujours fidèle au rendez vous. Nous embarquons tout notre matériel puis sautons sur le pont. Nous retrouvons quasiment tout le monde. C’est un jour de retour de manip, c’est également l’avant dernière sortie chaland de l’été. Dès que nous quittons l’abri des iles pour traverser le golf du Morbihan, nous nous exposons au vent et à la forte houle. Je n’ai jamais vu le chaland dans de telles conditions, des creux de plus d’un mètre, un vent à plus de 30 nœuds établis, de fortes rafales. Et un dauphin qui nous suit en sautant allègrement. Des pétrels à menton blanc se jouent du vent alors qu’un ornitho s’agrippe au montant de la porte et serre les dents, le mal de mer le rattrape. Ca tangue, ça roule, ça mouille le pont et ça passe par-dessus la cabine ce qui fait que même à l’arrière, protégé du vent, on prend les embruns. Le moment est épique mais inoubliable, je suis dans mon élément, c’est CA les Kerguelen.



mardi 11 mars 2014

Pointe Suzanne en tracteur


Samedi matin, Il est 7h, PAF s’éveille. Bout de bois, grand pierre et moi nous retrouvons à tiker pour le petit déj. Le départ est prévu pour 8h, nous avons encore du matériel à charger et à sangler.
7h55, tout est prêt, nous pouvons partir. D’abord la route 66 puis la piste qui mène au wouf (le gros feu pour tout le bois encombrant) et enfin nous quittons la piste pour le chemin tracteur qui mène à pointe Suzanne. Le chemin est bon et on peut rouler à vive allure (15 km/h en pointe). Peu de temps après, nous arrivons sur le bord de plage. Le bruit du tracteur fait s’envoler tous les cracous. N’ayant pas de vent aujourd’hui, ils ont beaucoup de mal à décoller et on peut les voir courir sur l’eau sur une centaine de mètres avant d’abandonner le décollage.
Après une heure de chemin et un petit passage sur la plage (où ça roule mieux… quand c’est marée basse) nous arrivons au pied du plateau de pointe Suzanne. Nous commençons à monter et c’est là que le chemin devient invivable pour les passagers. J’enfile mon short et mes chaussures de trail et je commence à trottiner devant le tracteur. A l’arrière dans la remorque, grand pierre a déjà plus de mal à dormir. Finalement, pas besoin de courir, j’arrive à suivre le tracteur en marchant. Les cailloux et le faible chargement de la remorque rendent difficile la progression. Nous y allons doucement pour ne rien abimer ni casser.

Nous arrivons enfin à Suzanne les hauts : fin de la route tracteur. L’équipe écobiotte est là et prélève des araignées. Après avoir rempli la cuve, nous les aidons à remplir leur quota de 100 individus prélevés. Nous mangeons puis déchargeons le tracteur. Nous avons 3 bouteilles de gaz à descendre et un groupe électrogène plus nos 3 sacs. Les filles ont un sac pour 3.  Elles nous prennent 2 de nos sac, Bout de bois, met son sac par-dessus sa bouteille de gaz, grand pierre et moi prenons le groupe électrogène à la main. La folle équipée entame la descente vers Suzanne les bas. 20 min plus tard, après quelques chutes dans les trous invisibles sous la végétation et quelques slaloms entre les otaries, nous arrivons à la cabane de Suzanne les bas. 4 caisses bois disposées en demi-cercle autour d’une belle terrasse, le tout tourné vers la mer, la cabane est accueillante. Pas de temps à perdre, nous avons du travail : transvaser l’eau d’une cuve vers l’autre, déplacer et remonter la cage grillagée qui va servir à l’héliportage du matériel, vider les touques, faire le tri dans les boites de conserves, coliser les colis et touques qui repartiront par l’hélicoptère, faire le tour de la cabane et noter les travaux à réaliser… la nuit tombe alors qu’on achève notre travail.
La soirée en compagnie des ecobiottes et d’Antoine et Maurice est fort sympathique. Le rougaille saucisse au menu fait bien plaisir même s’ils en ont déjà fait la veille.
Le lendemain, on range tout. On nettoie. On jette. Tout est rechargé sur les sacs à dos. Bout de bois réitère la pyramide de sacs, on ne le voit plus sous ce tas énorme. Un dernier tour pour s’assurer que tout est en ordre, et qu’aucune surprise ne viendra nous compliquer la mission hélico de l’OP.

La remontée est rude et le temps ne nous aide pas : pluie et vent dans la figure, suivi d’un bon brouillard. Nous chargeons rapidement le tracteur avec tout le matériel entreposé à Suzanne haut. Les 5 manipeurs remontent dans le tracteur, grand pierre se met au volant, Bout de bois et moi courons/marchons derrière. Peu à peu le soleil se lève, nous tombons gore tex puis sweet et nous retrouvons en t-shirt par un magnifique soleil à marcher tranquillement derrière le tracteur. Les passagers nous rejoignent et nous marchons tous dans les traces du John deer. Arrivés à la fin du plateau, tout le monde remonte car la piste est plus roulante et on peut avancer plus vite. Nous arrivons finalement vers 13h, déchargeons et finissons par un repas au L2 pour ponctuer cette belle manip. Merci à tous !

















vendredi 7 mars 2014

PAF

Salut à tous,

Voilà quelques temps que je suis rentré de manip et que je ne vous ai pas écrit. Il est temps de remédier à cette grave faute professionnelle. Je commence par une petite visite en photo de mon espace de vie à PAF. Je passe mon temps entre 4 lieux principaux :
Les L10 et L9 : bâtiments d’habitation des VSC ipev. J’habite au L10 où j’ai une super chambre. J’y dors et c’est tout. Ces 2 bâtiments ont chacun une salle commune pour y prendre l’apéro, y faire des jeux de société, y regarder un film, y lire un bouquin, y prendre son petit déj (quand on se lève trop tard pour tiker), y boire le thé en discutant … bref le salon de la maison.

Le L2 : mon bâtiment de travail. C’est le bâtiment de la logistique IPEV. J’y ai mon bureau et pendant la campagne d’été, il y a mes collègues de la logistique qui sont également. C’est le lieu de rassemblement de l’ipev. Mon bureau est grand et peut accueillir réunions, pot de remerciement, préparation de manip, préparations en tout genre… c’est un lieu d’échange, toujours au service de mes collègues scientifiques IPEV et non IPEV.

Le B17 : entrepôt logistique de l’IPEV. C’est là où est stocké tout le matériel nécessaire au bon déroulement des missions scientifiques. J’y tiens également un petit magasin d’approvisionnement des cabanes : le Kerfour. Pendant cette campagne d’été, il était tenu par les 2 Pierre (bout de bois et assistant log) qui y ont fait un gros ménage, tri et inventaire. A moi de le tenir en ordre pendant l’hiver.
Tiker et Totoche : bâtiment de vie commune à toute la base. On prend tous les repas à Tiker : petit dej entre 6h et 8h30, repas à 12h et 19h pile. Après chaque repas, on monte à totoche (le bar/ salle de divertissement) où on y prend un thé/café, joue au billard, au baby foot, discute, lis… c’est la salle de vie par excellence. Il y a toujours du monde hors des heures de travail.

A ces bâtiments s’ajoute de nombreux autres bâtiments d’habitation, un cinéma, une bibliothèque, une salle de sport, un entrepôt logistique TAAF qui sert aussi de terrain de sport, un laboratoire scientifique, un garage, une poste, et de nombreux bâtiments de stockage en plus ou moins bon état.

Les repas sont préparés par une équipe de cuisine composée d’un chef cuisine (qui en est à sa 19ème et dernière campagne d’été) un second de cuisine, un boulanger/pâtissier, et 2 petites maries (personnel de salle). Autant dire que c’est restau à tous les repas ! Pain frais tous les matins, croissants et pain au chocolat régulièrement … pas de quoi se plaindre mais en même temps c’est une base française !

Il y a également un bâtiment « kerpoub » pour les poubelles. On trie tous les déchets selon 12 clés de tri différentes. On incinère une bonne partie des déchets sur place et on renvoie à la Réunion ce qui peut être revalorisé. L’incinération et le nettoyage du bâtiment kerpoub est réalisé chaque semaine par un service différent. Et tout le monde sur base passe par ce service communautaire. La semaine où on est chargé de faire kerpoub, on est en charge également du nettoyage de Totoche.

Pendant les OP, les VSC aident au service en salle et au nettoyage des lieux de vie. On est également à la DZ (drop zone : sous l’hélico) et on aide à droite à gauche pour le dépotage des containers et colis des TAAF. Sauf moi et les 2 Pierre qui sommes les seuls à avoir un rôle à jouer dans le bon fonctionnement de l’OP du point de vue logistique.
Et tous les soirs des OP, on se retrouve à totoche pour fêter les arrivées et les départs et passer quelques derniers instants ensemble.

La prochaine OP se profile à l’horizon : dans 2 semaines, le Marion pointera le bout de son étrave et marquera le début de mon hivernage. Il partira nous laissant 5 mois seuls, entre nous, sur notre ile. Cette OP marquera le début d’une 2ème aventure, un peu différente car nous n’aurons plus de chaland pour nous permettre de nous aventurer sur les iles. Nous devrons nous contenter de la péninsule Courbet pour des raisons de sécurité, nous ne pourrons pas nous aventurer plus loin que ca. La météo commence à changer également : une alternance de pluie, grèle, soleil, grésil et neige en quelques minutes seulement, le tout accompagné d’un fort vent régulier, voilà ce qui nous guette d’ici un petit mois. Les jours raccourcissent également jusqu’à faire nuit à 16h et lever de soleil à 8h30. L’activité va se réduire progressivement et on va rentrer dans une petite routine.


Mais tout ceci est une autre histoire prête à être écrite. Il faut juste être un peu patient.



Mon bureau



Salle commune


Ma chambre