Délivrance
Après 1 mois et 3h d’attente à cause des déboires du
chaland : culasse cassée, flexible hydraulique qui lâche, démarreur HS …
Nous partons. Enfin ! Mais ne crions pas victoire trop tôt, j’y croirai lorsque
je serai descendu et le chaland hors de vue. La dernière fois, nous avions fait
demi-tour à mi –chemin…
2h30 et quelques dauphins plus tard, on y est, on s’équipe,
on descend, un dernier coucou et nous voilà seuls. Cette fois, c’est la bonne.
Nous partons pour une manip log sur des sites lointains. 5 jours de marche
entrecoupés de manip sur 4 cabanes IPEV. Pour me guider, j’ai pris une carte
avec des anciens tracés pour savoir où on peut passer les barres rocheuses, et
les points GPS des cabanes. On commence par 4h de marche en direction de
Gazelle. Un premier col sur les pentes duquel on croise nos premiers rennes de
la manip. Une descente en luge pour s’amuser, puis une arrivée sous le soleil à
la cabane avec un troupeau de rennes pas farouches tout autour. On entend les
albatros fuligineux parader dans le ciel au dessus de nos têtes, quelques eleph
sont regroupés en harem sur la plage à quelques mètres de la cabane. Le vent est
tombé, la soirée est agréable, la nuit sera bonne. La magie opère.
Retour aux sources
Après Gazelle, nous partons pour Port Couvreux. Je connais
le chemin pour l’avoir déjà fait l’été dernier. Je ne tomberai pas dans les
mêmes pièges. Nous croisons de nombreux rennes, à l’aise dans leur habitat
naturel. Dès qu’ils nous détectent, ils restent en alerte et fuient si nous
nous approchons à moins de 100 m d’eux. La marée basse nous évite un bon détour
au fond de havre du beau temps et nous arrivons à la cabane, frais et admiratifs,
sous ce beau soleil. L’après midi est vite passé entre sieste pour les uns et
boulot et photos pour les autres. Il faut préparer tout ce qui repartira avec
l’hélico à l’OP3 qui arrive dans un mois. Une dizaine de touques et la
gazinière qui rend l’âme. On attache les touques à l’extérieur, prêtes à partir, pour ne pas avoir à se poser de questions lorsqu’on arrivera en coup de vent.
Into the wild
Voilà maintenant la partie délicate de la manip. Nous
partons dans l’inconnu (pour nous) loin de la base. Nous partons pour Val
Travers. La première moitié est avalée
en un rien de temps, c’est le retour d’hier, jusqu’au halage du havre du beau
temps. Ici se présentent 2 options : soit longer le lac du bon temps, quitte
à être en dévers pendant 4h et se transformer en Dahu, au risque également de
se retrouver face à une barre rocheuse infranchissable, soit passer par les
hauteurs et prendre un itinéraire montagneux slalomant entre les différentes
barres rocheuses et les éboulis permettant de passer. Nous décidons de passer
par les hauts. S’ensuit une épopée formidable mais éreintante dans la neige et
les rochers et c’est finalement après 8h de marche et une dernière descente vertigineuse que
nous arrivons face à la cabane avec une rivière entre nous 2. Qu’à cela ne
tienne, on en a vu d’autres. On quitte tout, on chausse les crocs et c’est
parti. L’eau monte au dessus du genou, c’est frais mais ça fait du bien aux
pieds. Dans notre lancée, on fini jusqu’à la cabane sans renfiler le pantalon.
En revanche, on a tous en tête qu’il faudra la franchir dans l’autre sens
demain matin…
En attendant, un gros boulot nous attend : nettoyage,
tri et inventaires … récompensé par un petit bain dans les sources d’eau
chaude, spécialité locale. La nuit arrive vite, le sommeil aussi. Nous ne
trainons pas, le lendemain promet d’être sportif également.
A travers les vallées
Comme les jours précédents, lever 5h, départ 6h30, je mets
mes manipeurs à rude épreuve. On commence la journée par retraverser la
rivière. L’histoire n’est plus la même. Etre cueilli à froid change la donne et
c’est en étant totalement insensibilisé en dessous du genou qu’on atteint
l’autre rive. Heureusement, le vent n’est pas encore levé et on peut se sécher
et se réchauffer rapidement. Maintenant il faut regrimper toute la descente
d’hier. Environ 300 mètres de dénivelé, ça ne me fait pas peur (à part que la
sortie sur le plateau peut être difficile) mais il n’en est pas de même pour
mes manipeurs. Chaton n’est pas habitué à la montagne et David ne fait là que sa 2ème manip (la première étant le week end dernier…). Ils
appréhendent donc le morceau, surtout que derrière, il y a une bonne distance à
couvrir pour rejoindre la cabane de Bossière. Finalement la montée se passe bien,
au passage cela réchauffe nos orteils et nous avançons vite sur la neige encore
gelée, celle qui nous avait ralenti la veille.
Nous atteignons la première vallée à traverser. Notre chemin
est barré par une grosse barre rocheuse qu’on cherche à descendre. Nous évoluons
alors précautionneusement pour trouver le meilleur passage, entre éboulis,
court passage de dé-escalade, et grande descende sur les fesses dans la neige.
Arrivés en bas non sans quelques difficultés, le reste n’est qu’une bonne partie
de plaisir. Le soleil étant présent et le vent, faible, ayant la bonne idée de
souffler dans le dos cette fois ci, nous avançons rapidement vers notre
objectif. Nous arrivons alors à Bossière après 7h de trajet pour découvrir un
énième site à couper le souffle. Cascade, mer, falaise, plages, collines et
montagnes, tout y est, et la cabane est relativement spacieuse. La sieste est
méritée.
Retour à la civilisation
Vendredi 17, dernier jour pour cette manip. Nous avons
rendez-vous à 10h à Armor, site qui se trouve à 3-4h de marche de Bossière. Le
calcul est vite fait, il faut partir à 6h et donc se lever un peu avant 5h.
Pour couronner le tout, il pleut. Pas de ces averses qui durent 15 min mais ce
nuage qui stagne au dessus de nous et cette pluie sans discontinuer qui mouille
un peu puis petit à petit qui transperce tout. C’est le cadeau de fin de manip,
la montagne ne veut pas nous voir partir. Nous étions les seuls humains à
passer par là au cours des 8 derniers mois, et il faudra attendre encore un bon
mois avant que d’autres manipeurs y passent. C’était un moment privilégié que de
faire cette manip. 5 jours de rando en montagne, voilà un beau cadeau que je me
fais à travers mon travail.
La pluie mouille mais motive également. Après un peu moins
de 3h de marche, nous apercevons les fillodes métalliques qui peuplent le site
fantôme d’Armor. Le temps de nous sécher, de nous changer et de boire un thé,
le chaland arrive, le soleil aussi. On retrouve avec plaisir l’équipe du
chaland et les manipeurs qui partent sur Verte dont Greg mon remplaçant. On
échange, on discute, quelles sont les dernières nouvelles ? Quelles
modifications as-tu apporté au planning, quels problèmes as-tu rencontré sur
tel ou tel point. Il part pour 7 jours, je le remplacerai pendant ce laps de
temps.