J1
Ce matin, départ 6h en chaland pour 6 jours de manip sur
Mayès avec les ornitho Flo et Alex. Le chaland passe d’abord récupérer 4
manipeurs qui reviennent de Val Travers, coin de paradis éloigné de PAF où on
trouve d’exquises sources d’eau chaude.
Nous partons donc, après seulement une demi-heure, nous
apercevons une baleine au loin. Puis en arrivant au lieu de récupération, les
dauphins de Commerson nous accompagnent et jouent 10 bonnes minutes dans les
vagues du chaland. Il fait froid, il n’y a pas de vent, la mer est plate, le
bonheur à l’état pur, je ne me lasserai jamais de ce spectacle même si ça
devient commun.
A 10h nous sommes déposés, l’ile est magnifique :
beaucoup de relief, beaucoup de végétation (absence de lapins et chats), et
beaucoup d’oiseaux. Nous nous installons, mangeons puis partons faire le tour
des Skuas et contrôler la taille des poussins. Les skuas se défendent en nous
rasant la tête à pleine vitesse, il faut être vigilant pour ne pas être surpris
et se prendre une claque sur le sommet du crâne. Nous baguons 2 poussins déjà
bien avancés. Les skuas nichent au sol, dans les hautes herbes, les nids sont
difficiles à repérer. Ils sont parfois difficiles d’accès et la progression dans
cette végétation haute et dense est délicate (j’enfonce jusqu’à mi cuisse). A
17h, nous revenons vers la cabane pour la vac. Mon géner remplaçant gère du
tonnerre, je ne vais peut être pas rentrer tout de suite, moi.
J2
Aujourd’hui nous contrôlons l’état de ponte des pétrels à
tête blanche ou PTB. Ce sont cette fois-ci des oiseaux qui nichent dans des
terriers. Il faut donc fouiller les terriers pour voir si un individu se cache
dedans. On y va directement avec la main, on fouille méthodiquement le terrier
jusqu’à ce qu’on sente un œuf ou qu’un piaf nous morde. Avec les gants ça ne
fait pas mal mais au début ça surprend. Une fois l’oiseau détecté, il faut se
laisser mordre pour ensuite le tirer hors du terrier par le bec et pouvoir lire
sa bague (ou le baguer le cas échéant). Les PTB sont magnifiques, de taille
moyenne, noir et blanc, ils ne sont pas trop agressifs et c’est un pur bonheur
de les tenir contre soi pendant le baguage. Le tout se passe avec un paysage
magnifique, même si la météo n’est pas des plus clémente. On finit la journée
par la confection d’un pain aux figues destiné à accompagner le foie gras, le
tout précédé par un apéro sur la terrasse.
J3
Il est 9h, je suis assis sur le banc devant la cabane. Pas
de manip aujourd’hui, il est trop tôt dans la saison pour travailler sur les
gorfous macaronis et gorfous sauteurs. Les jours planifiés pour cette manip sont
finalement des jours de repos. Nous
partons donc pour faire le tour de l’ile mais pour me faire visiter les plus
beaux coins. Sauvage, inattendue, magique, les mots me manquent pour décrire
cette ile. Une sieste dans les hautes herbes, au soleil, à l’abri du vent… et
on repart. L’ile présente une telle diversité d’oiseaux, de plantes, de
paysages je n’en reviens pas. Pétrel Gris, pétrel Bleu, pétrel noir, pétrel à
menton blanc, pétrel à tête blanche, cracou (pétrel géant), belcher, sterne,
océanite, kionis, cormoran, goéland, papou, gorfou sauteur, albatros
fuligineux, skua, prion, pétrel plongeur et j’en oublie surement.
On passe par la grotte de melchior qui surplombe une colonie
de gorfous sauteurs, toujours aussi craquants. Nous repartons pour la presqu’ile
où nous pouvons presque toucher Australia (un bras de mer de 50m de large nous
sépare). Là encore des gorfous sauteurs et des kionis nous accueillent. Nous
avons même la chance de voir quelques dauphins dans la baie. Le vent est tombé,
l’eau est plate, seule l’ondée créée par les dauphins la brouille. On aperçoit
même 2 jeunes dauphins dans le groupe. Le retour se fait tranquillement. Une
dernière petite pause dans les hautes herbes pour faire la vac avec vue sur le
Croziet enneigé (plut haut sommet des monts du château). Puis retour à la
cabane pour un apéro suivi d’un rougaille saucisse.
J4
Cette nuit, il a bien plu. Au levé, il y a cette odeur qu’on
retrouve à la sortie de la tente dans les Pyrénées. Ca me rappelle chez moi.
Aujourd’hui nous partons finir le tour des skuas commencé le
premier jour. On enchaine bien : l’un tient le petit, l’autre mesure et
bague, le 3ème prend les notes. J’apprends également de nombreuses
choses sur la flore. Saviez vous que le lyallia est l’unique espèce endémique
de Kerguelen ? Le chou lui se retrouve également sur Crozet. Ce soir c’est
tartiflette et salade de pissenlit. Et cette fois ci, c’est moi qui fais le
pain aux figues pour la 2ème tournée de foie gras. On ne se refuse
rien.
J5
Aujourd’hui on accueille les 2 filles de la réserve
naturelle qui travaillent sur les plantes. Elles doivent échantillonner 2
espèces : le chou de Kerguelen et le lyallia. Ca tombe bien, il y en a
plein sur Mayès. Entre temps, nous faisons toutes les petites choses qu’on
n’avait pas pu par manque de matériel : chopper un PTB qui était trop
profond dans son terrier. On utilise alors le buroscope (à vos claviers !)
pour voir à l’intérieur du nid, et ensuite on creuse avec le kit de creusage
hyper sophistiqué : une cuillère et un couteau. Alex attrape un skua
adulte non bagué pour l’assimiler au reste de l’étude.
On finit la journée par une vac dans les hautes herbes et au
soleil puis pizza à la tartiflette. Qui a dit qu’on mangeait mal en
cabane ?
J6
Dernier jour pour finir les manips, on avait gardé la manip
sur les belchers qui devait être faite le plus tard possible. Ce sont des
oiseaux un peu plus petits que les PTB qui nichent également dans des terriers.
Mais cette fois, le nid est trop petit pour y aller avec des gants. Il faut
donc y aller à main nues. Ils sont encore plus mignons, plus doux que les PTB.
Les belchers à ce stade de l’année sont pour la plupart des poussins. On tombe
donc parfois sur des poussins au duvet tout doux qui essayent de nous mordiller
le doigt gentiment. Un vrai plaisir. Finalement on avance bien et on finit les
70 terriers dans la matinée. Les manips ornithos sont donc finies. On passera
l’après midi à aider les filles et à tenter d’attraper des skuas non bagués à
Skuatropez (plage donnant sur un lac où les skuas viennent se laver).
Retour à la cabane sous la pluie. Ce soir c’est foie gras,
vin blanc, et moules au vin blanc.
J7
Voila c’est le départ, cette ile est magique. J’y ai vécu de
très bons moments, j’y ai appris plein de choses. C’est le graal que je suis
venu chercher à Ker. Etre dehors toute la journée, vivre simplement mais
confortablement, avec des gens extraordinaires et côtoyer la faune de près, le
rêve !
Je ne sais pas comment tu fais pour retenir tous ces noms !
RépondreSupprimerMoi, je vais les noter pour les ressortir au scrabble chez Mémé à Montmin.
A part ça, cela fait vraiment plaisir de voir que tu t'éclates et que tu vis tes rêves.
En J1 (touché ou coulé ?), plutôt sympa ta garçonnière du bout du monde tout comme le phare au même endroit (référence pour les lettrés !). Mais pour inviter tous tes voisins volatiles, ça va pas faire un peu juste. Remarque, chez nous on met bien 300 personnes dans 50 m2 de discothèque, histoire de faire transpirer et assoiffer le client !
RépondreSupprimerEn J2, les PTB qui nichent dans un terrier, mais elles se prennent pour des lapins ! Moi, j'dis qu'elles doivent consulter un psy rapidement et pis c'est tout !
RépondreSupprimerCa y est Gillou est marié là-bas, il a passé la bague au doigt d'une pétrel et en plus, il me semble qu'elle est mineure ! Les parents, coincés dans le terrier, sont-ils consentants ? Avec des carottes, on achète le consentement des pétrels aux Ker ?
En J3 (maintenant coulé !), y a même des papous aux Ker ?? Alors, ça ! Moi qui étais en Indonésie, y a cinq mois, je ne savais pas que les papous avaient colonisé les TAAF avant nous !.... Chapeau bas (avec plumes, SVP !).
RépondreSupprimerZut, j'crois qu'on dit un pétrel comme un puits.... un puits de pétrel !! Désolé...
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